Court survol sur la vie de Benserade
Benserade est un normand, né le 15 octobre 1612 à
Lyons-la-Forêt, petit village de l’Eure, en Normandie. Son père, Henry de
Benserade, était Maître des Eaux et Forêts de la ville et sa mère, née de la
Porte, était parente de Richelieu dont la mère portait le même nom. Sa famille
était protestante mais son père venait de se convertir au catholicisme et Isaac
fut baptisé le 5 novembre 1613.
Il s’agissait d’une famille noble dans laquelle on
trouvait un Paul de Benserade, chambellan de Louis XII et capitaine-gouverneur
du château de Milan qui fut tué au siège de Ravenne en 1512.
Benserade commença à suivre des cours en Sorbonne grâce
à une pension qu’il avait reçue de Richelieu et très tôt, dès 1634, il’était
reçu à l’hôtel de Rambouillet, et en 1635, il écrivait une première pièce de
théâtre : Cléopâtre , pièce qui sera suivie de plusieurs autres.
C’est peut-être Richelieu qui le lui avait proposé, il
aurait même bien vu Benserade se destiner à la prêtrise pour se retrouver prélat
un peu plus tard, Benserade suivit également des cours de théologie et c’est
ainsi qu’il s’est plongé dans la Bible et en particulier dans le Livre
de Job, car en 1637, il avait alors 25 ans, il éditait le livre
« Les 9 leçons de Job ».
On peut supposer qu’après avoir écrit ce livre,
Benserade s’est posé la question de son avenir, peut-être ne pouvait-il pas se
décider, c’est pourquo le duc de Brézé, neveu de Richelieu et amiral de la
flotte royale, qui était son protecteur et qui l'hébergeait dans son appartement
du Palais-Royal, lui avait proposé de venir plusieurs fois sur son bateau, le bateau amiral, le
Grand Saint-Louis, et la seconde fois, il n’a pas fait que des ronds
dans l’eau, Il était sur le bateau lors de la bataille navale contre la flotte espagnole qui s’est déroulée en 1646 au
large de Orbetello en Italie au cours de laquelle l’amiral reçut un boulet de
canon dans la figure et fut tué ; il avait 27 ans ! On était à la fin de la
guerre de trente ans.
Benserade revint alors à Paris et fréquenta les salons
et la cour, apprécié de tous par ses dons de poètes, et se souvenant de son
travail sur le Livre de Job, il écrivit un sonnet intitulé "Job"
qui revenait sur le personnage de la Bible qui a tant souffert, sonnet qui sera
à l’origine d’une querelle qui opposa deux camps et durera une bonne année : il
faut dire qu’une personne avait voulu opposer ce sonnet de Benserade avec un
sonnet dont le titre était « Uranie » que le poète
Vincent Voiture avait écrit 27 ans plus tôt. Dans le camp des partisans de
Benserade (le camp des Jobelins) on trouvait le prince de Conti, et dans le camp
adverse (le camp des Uraniens) on avait la sœur du prince, la duchesse de
Longueville. On s’est alors battu à coup de poèmes, sonnets et autres
épigrammes, certains ne voulant pas prendre parti comme Corneille ! Quelqu’un
écrivit même une courte pièce de théâtre sur le sujet.
Et dès que cette querelle s’est apaisée, Benserade a
commencé une période de sa vie où il a été très proche de Louis XIV, période qui
a durée plus de vingt ans : le 26 février 1651, au Palais cardinal, on a pu
assister au Ballet de Cassandre, sur une musique d’un compositeur inconnu mais
le livret était de Benserade ; Louis XIV avait 13 ans et il était sur scène !
Et puis, Louis XIV décida de construire à Versailles un
grand Labyrinthe sur lequel se trouveront plus de 30 fontaines rappelant des
fables d’Esope ; Benserade sera alors chargé d’écrire pour chaque fontaine, un
quatrain décrivant la fable correspondante. On trouvera donc par exemple un
quatrain résumant la fable le lièvre et la tortue sur la fontaine
correspondante, idem pour la fable le Renard et le Corbeau. Le labyrinthe sera
construit entre 1672 et 1677 et sera détruit en 1775 par Louis XVI, seul le paon
de la fable le paon et le rossignol sera sauvé et
sera visible aux Gobelins lors des
journées du Patrimoine des 21 et 22 septembre 2019.
En 1674, Benserade sera élu à l’académie française où il
interviendra dans la rédaction du dictionnaire de l’académie et se caractérisera
parfois par des attitudes originales : il lira plusieurs fois des psaumes
traduits en français et mis en vers. Il se fera encore remarquer par un discours
(en vers) dans lequel il fera des remarques sur chacun des 40 académiciens !
Vers 1676, Louis XIV lui demanda alors de mettre en
vers, en rondeaux, le livre d’Ovide, « Les Métamorphoses ».
Il semble que le roi
ait insisté pour que son fils, le Grand Dauphin, puisse apprendre à lire en
lisant le texte, mais le livre, publié en 1676, fut un échec.
Peut-être pour se consoler, Benserade publia deux ans
plus tard un livre rassemblant plus de 200 fables d’Esope écrites en quatrains
puis il en eut assez de sa vie près de la cour et décida de prendre un peu de
recul : il s’installa dans une maison de Gentilly, maison qu’il avait achetée
vers 1684, tout en gardant son appartement du Palais-Royal car en fait, il
continua à venir à Paris : le 5 mai 1691, soit quelques mois avant son décès, il
était présent à l’académie française lors de la réception de Fontenelle et avait
même prononcé un discours ce jour-là !
Il semble qu’il ait même acheté en 1690 une seconde
maison à Gentilly, maison qui comprenait même un vivier : on peu supposer qu’il
pensait élever des écrevisses pour pouvoir en envoyer plus à Madame de Maintenon
qui les appréciait !
Et Benserade est décédé à Gentilly le 19 octobre 1691 à
l’âge de 79 ans.
sur l'Influence des Poètes de
Cour sur la Formation du Jeune Louis XIV
publié dans le cadre du 8°
congrès de l'Association Internationale d'Etudes Françaises (AIEF) le 3
septembre 1956 :
On s'est longtemps posé la question du lieu de naissance de Benserade : un
numéro du journal la Normandie Littéraire avait même publié un
long article
dans son numéro de novembre 1907 que l'on peut lire
en cliquant ici.
L'orthographe du nom Benserade a présenté plusieurs
variante qui sont mentionnés dans l'article suivant
extrait de la
Revue d'histoire littéraire de la France
publiée par la Société d'histoire littéraire de la France du 15 janvier 1900
Dans le document "Ecrivains de théâtre"
(1600-1649) de Alan Howe
qui a analysé le Minutier Central des Notaires de
Paris,
document édité par le Centre Historique des Archives Nationales en
2005, on peut encore voir les différentes orthographes du nom Benserade
et on pourra voir en cliquant ici qu'en 1637, dans son livre Paraphrases sur les 9 leçons de Job, livre qu'il dédie à Richelieu, il utilise l'orthographe "Bensserade".
Signature d'Isaac de Benserade
Toujours sur l'orthographe du nom Benserade, on peut remarquer qu'en 1692, la
totalité des livrets des ballets de cour ont été édités
avec, sur la
couverture, l'orthographe Bensserade comme on
peut le voir ici !
Mais cette variabilité de l'orthographe des noms de famille n'était pas nouvelle
:
on peut lire dans les Chroniques de Louis XII de
Jean d'Auton, éditées en 1895,
que l'orthographe du nom de la famille
Benserade n'était pas figé.
On pourra en savoir plus sur ce Paul de
Benserade(appelé aussi Paul de Busserade), arrière-arrière-grand-père
d'Isaac, en cliquant ici.
Sa mère était de la famille « de la
Porte », le même nom que celui de la mère de Richelieu : ce lien
a dû faciliter ses débuts dans la
vie : dès 1636, il avait 24 ans et recevait déjà une pension de Richelieu.
(on peut aussi voir qu'en 1646, Benserade était écuyer, à 34 ans)
on peut lire que notre poète aimait critiquer les autres mais il n'acceptait pas les
critiques.
On verra sur ce site qu'il était même parfois agressif !
(pour info, on pourra voir sur la page
"Sources" de ce site
que ce livre peut être consulté dans son intégralité)
mais on peut lire dans le livre de Titon du Tillet, le Parnasse
Français,
édité en 1732, que Benserade a su réagir à cette situation !