Inventaire des biens qui se trouvaient dans sa maison de Gentilly
et dans son appartement du Palais Royal

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En cliquant ici, on va pouvoir accéder à une copie des originaux de l'inventaire des biens qui se trouvaient dans la maison de Gentilly et dans l'appartement du Palais Royal qu'occupait Isaac de Benserade à son décès, inventaire réalisé par un notaire. Les 34 pages de ce document sont mises ici sous une forme lisible qui  en font un document exceptionel.

 

Présentation de cet inventaire

        On peut rappeler que, si Benserade avait un appartement au Palais Royal, c'est tout simplement parce qu'il avait été hébergé à Paris pendant ses études de théologie par un parent éloigné qui n'était autre que le duc de Brézé, neveu de Richelieu, et qu'après la mort de ce duc en 1646, il était resté dans cet appartement. On peut rappeler que tous deux avaient un ancêtre commun, Raoul de la Porte, décédé en 1551, qui était l'arrière-grand-père de l'arrière-grand-père à la fois de Benserade et du duc de Brézé. A Paris, Benserade était donc voisin d'Henriette d'Angleterre, la belle-soeur de Louis XIV, épouse de Philippe d'Orléans, qui avait également un appartement au Palais Royal.

        Cet inventaire contient beaucoup d'informations sur le poète. On apprend d'abord que son appartement du Palais Royal comportait 7 pièces plus une cuisine, et que sa maison de Gentilly, elle, comptait 10 pièces, une cuisine, une salle de bain (appelée chambre de bain) et une chapelle. Dans les deux logements, toutes ces pièces avaient des dimensions différentes : certaines petites pièces utilisées pour des rangements et d'autres plus grandes ; on ne connait pas leurs dimensions mais le nombre de meubles peut nous donner des ordres de grandeur.

        Une première remarque que l'on peut faire est que Benserade devait aimer les tableaux : il y en avait dans toutes les pièces ! Dans sa maison de Gentilly, dans une "grande chambre", il y avait un certain nombre de tableaux "originaux" : on y trouvait le tableau que la reine Anne d'Autriche lui avait donné en 1657 comme on peut le lire dans le "Dictionnaire Critique de Biographie et d'Histoire" de A.Jal ; Benserade l'avait donc transféré de Paris jusqu'à Gentilly lorsqu'il s'installa dans cette ville. Un autre tableau original qui se trouvait dans cette chambre est le portrait d'Henriette d'Angleterre sur lequel on la voit tenant le portrait de son mari. On peut supposer que ce tableau lui avait été offert par Henriette, sa voisine au Palais Royal ! En cherchant bien, on peut dénombrer 4 tableaux de ce type que l'on peut voir ici, l'un étant aujourd'hui au château de Versailles, un autre au musée Condé de Chantilly, un troisième en Angleterre sur lequel, ce qui est original, on peut voir "Mimy", la petite chienne d'Henriette, chienne qui, le 2 décembre 1666, à Saint-Germain en Laye, était montée sur scène avec sa maitresse dans le Ballet des Muses ! Est-ce l'un de ces quatre tableaux qui était dans la maison de Benserade ? Et lequel ? On voudrait bien le savoir ! Neuf autres tableaux se trouvaient dans cette grande chambre.

       Et toujours à Gentilly, on trouve quatre petits tableaux dans la "chambre de bain" ! Et quand ce ne sont pas des tableaux, on trouve souvent dans les différentes pièces des petites tapisseries, tapisseries d'Auvergne, de Bergame, ...

       28 chaises à Paris et 40 à Gentilly, 15 fauteuils à Paris mais 2 seulement à Gentilly : on peut alors supposer que, lorsqu'il était à Paris, il recevait beaucoup de personnes chez lui et que, dans sa retraite de Gentilly, il recevait beaucoup moins.

       Et dans cet inventaire, on apprend que Benserade est décédé dans son appartement du Palais Royal et non à Gentilly.

 

La bibliothèque de Benserade

        Il aurait été intéressant de connaitre les titres des livres qui se trouvaient dans la bibliothèque de notre poète, hélas rares sont ceux qui sont mentionnés dans l'inventaire comme  les Lettres de Saint-Augustin, le "Discours sur l'Histoire Universelle" de Bossuet, "l'Histoire Universelle" d'Agrippa d'Aubigné et "l'Histoire du Différend entre le pape Boniface VIII et Philippe le Bel", livre de 1660 ou encore les oeuvres d'Ambroise Paré. C'est un total de 140 livres dont les titres restent inconnus qui se trouvaient dans sa bibliothèque du Palais Royal, aucun livre n'ayant été trouvé à Gentilly. Et parmi ces 140 livres, on peut supposer que devaient se trouver les livres écrits par lui-même et édités avant 1691 qui devaient représenter plus de 30 livres.

 

Divers

      On trouve aussi de nombreux moyens de couchage qui sont souvent constitués de deux matelas, d'une paillasse avec une ou deux couvertures et un traversin ; ce sont parfois des lits de sangle et on parle aussi de lits de repos.

      La vaisselle est d'argent avec poinçon de Paris : fourchettes (6 seulement dans chaque maison), cuillères, assiettes creuses, petites assiettes, plats, salière carrée d'argent,

      Les deux cuisines (Paris et Gentilly) étaient équipées chacune d'un tourne-broche garni de chaine de fer et de contrepoids, ce qui devait être une invention assez récente.

      L'inventaire a valorisé tous les biens qui se trouvaient dans les deux logements de Benserade : on arrive alors à un total légèrement supérieur à 28.000 livres, mais si on arrive à ce chiffre assez élevé, on peut remarquer que l'argent liquide qui était chez lui expliquait ce chiffre : il y en avait pour un peu plus de 24.000 livres : des Louis d'or, des Louis d'argent et des écus d'argent étaient présents dans des tiroirs ! La vaisselle d'argent représentait un peu plus de 1900 livres. Par contre, les tableaux qui étaient nombreux dans ses maisons ne semblaient pas avoir beaucoup de valeur : un ensemble de 4 tableaux, parmi lesquels le tableau d'Anne d'Autriche (que Benserade avait reçu d'elle) et le tableau représentant Henriette d'Angleterre (que la belle-soeur de Louis XIV avait sans doute dû lui donner) évalué à 20 livres, à peu près le prix de 9 draps de chanvre !

 

Une chapelle dans sa maison de Gentilly !

     On le savait déjà, comme celà est mentionné sur la page Benserade à Gentilly, sur laquelle on peut lire que, dans son livre "les Galeries du Palais de Justice", 1280-1780, publié en 1854, Amédée de Bast donnait quelques informations intéressantes sur cette maison de Gentilly, comme le nom de "Pavillon de M.Benserade" ou encore l'existence d'une chapelle. La présence de la chapelle est mentionnée ici dans l'inventaire.

 

Un grand nombre de documents :

      Plusieurs documents datés de 1664 concernent l'achat par Benserade de sa maison de Gentilly puis l'agrandissement en 1689 de sa maison par un jardin planté d'arbres fruitiers, de charmes et d'ormes ! Il a donc dû acheter cette maison une vingtaine d'années avant de prendre sa retraite dans cette ville.

      Nombreux documents concernant la généalogie de Benserade y compris les lettres de naturalité obtenues par Paul de Benserade (ancêtre de notre poète)  et pour son fils Louis : il faut se souvenir que Paul était né en Belgique  au XV° siècle !

      Plusieurs documents concernant des pensions au bénéfice de Benserade comme par exemple un document daté du 29 septembre 1653 qui atteste que le roi accorde à Benserade une pension de 3000 livres à prendre sur les revenus de l'abbaye de Saint-Eloi (à Noyon dans le département actuel de l'Oise), ou un autre datant de novembre 1670 concernant une pension de 2000 livres à prendre sur les revenus de l'abbaye de Saint-Pierre de Hautviller (dans le département actuel de la Marne), pensions qui n'était apparemment pas toutes versées aux dates prévues et qui nécessitaient des actions en justice de la part de notre poète ...

 

Des questions que l'on peut se poser (avec un peu d'humour)

3 pendules à Paris mais aucune pendule dans la maison de Gentilly !

Six cuillères seulement ! Six fourchettes ! et pas un seul couteau !

L'absence de couteaux s'explique probablement par l'habitude qu'avaient les personnes
de cette époque d'avoir toujours leur couteau sur elles
comme on peut le voir sur l'image suivante extraite de Wikipedia
sur laquelle on peut lire que ce n'est que vers la fin du XVII° siècle que le couteau de table est arrivé, grâce à Richelieu !

Une glacière construite dans son jardin (voir page 33 de l'inventaire), n'était-ce pas un peu grand !

Aucune chaise de commodité à Gentilly !

 

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